XXXIème Assemblée générale
L’esprit de la démocratie
Pistoïa et Florence
les 23 et 24 novembre 2017
Compte rendu de la Secrétaire Générale Internationale, Mme Cosima CAMPAGNOLO
Assemblée générale ordinaire
Après une brève présentation du Colloque par M. Pier Francesco Bernacchi , Vice président de la SEC, le Président de la société M. Umberto Margiotta précise en introduction l’objet du colloque, retrouver l’esprit de la démocratie, c’est à dire en repenser les racines pour relever les défis futurs de ‘Europe. Il envisage quatre scénarios :
- Scénario A, la gestion à petits pas de la crise avec le risque d’éclatement de l’UE
- Scénario B, le ralentissement de l’intégration politique et la désintégration irrémédiable de l’Europe
- Scénario C, la constitution d’une Europe à deux vitesses autour d’un noyau dur
- Scénario D, le parachèvement de l’union monétaire par une union budgétaire et politique.
Le Scénario D, le seul qui vaille aux yeux du Président Margiotta, est inséparable du renouveau de la démocratie au travers d’une démocratie participative, complément de la démocratie représentative, permettant, d’une élection à l’autre, le redéploiement de la capacité des individus à pendre part à la vie politique. Dans ce contexte la culture est indissociable de ce projet de développement humain, le plus large possible.
Première session : La démocratie des valeurs en Europe
L’exposé du Professeur Michel Schaefer porte sur l’état de la démocratie en général et la manière de relever les défis actuels.
Il y a peu de démocraties véritables dans le monde aujourd’hui que ce soit en Europe (la Hongrie de Victor Orban, la Turquie d’Erdogan, la Russie de Poutine par exemple) ou en Afrique (l’échec des printemps arabes, le parti unique en Afrique du sud ou encore au Moyen Orient les relations entre le gouvernement israélien et la Palestine par exemple). On assiste d’une manière générale à une montée des populismes dans le monde. De toute manière la démocratie est toujours exposée aussi à la « tyrannie de la majorité ».
La démocratie fait face aussi à de graves défis actuels tels que l’évasion fiscale internationale, le changement climatique, les inégalités criantes de par le monde, la méfiance croissante des citoyens envers le personnel politique ou les déviances des médias (les fake news).
L’exposé du Professeur Antony Taillefait (Université d’Angers) porte plus particulièrement sur l’état de la démocratie française qu’illustre la devise républicaine, liberté c’est-à-dire le pluralisme, égalité c’est-à-dire l’accès de tous à l’éducation, la culture ou les services publics enfin fraternité ou l’esprit de tolérance.
Pour Tocqueville la démocratie est une manière d’être de la société. Or on constate un net fléchissement de la démocratie française .C’est particulièrement vrai de l’affaiblissement des garanties judiciaires depuis l’adoption des lois antiterroristes, domaine où la sécurité tend à l’emporter sur la sureté. Par ailleurs la démocratie française n’est que partiellement représentative, de plus le choix du libéralisme économique et l’illusion technocratique conduisent à une excessive prédominance de l’économie sur le politique. Enfin l’aggravation de la pauvreté (14 % de la population), la prévalence du vote utile sur le vote d’adhésion, le taux très élevé d’abstention même aux élections majeures sont les signes évidents d’une détérioration de la démocratie en France. Il faut donc « redémocratiser » la démocratie française et évoluer vers une véritable démocratie participative comme expérience démocratique partagée. A cet égard l’éducation et la culture sont appelées à jouer un rôle essentiel qu’il s’agisse par exemple de développer l’esprit critique des citoyens, de la prise en compte du long terme, bref du succès scolaire en général alors que l’enseignement en France se révèle être trop souvent une expérience anxiogène.
Quant au Vice Président Francesco Bernacchi, il exprime un certain nombre de remarques pour la plupart critiques de l’évolution de l’UE.
C’est ainsi qu’il regrette la construction de nouvelles barrières entre Etats membres le relativisme identitaire prévalant notamment l’absence de mention de l’importance du patrimoine chrétien dans l’introduction à la Charte européenne des droits fondamentaux. A propos de l’Italie il observe une double érosion démocratique caractérisée de son point de vue par un transfert croissant des compétences régaliennes à une forme de centralisation fédéraliste européenne ainsi que la prédominance excessive du droit européen sur le droit national. Il estime de même que le principe de personnalité de la loi devrait l’emporter sur son application territoriale (droit du sol). L’hybridation de la société menace l’identité nationale des Etats membres. L’Afrique est désormais chez nous et de colonisateurs nous sommes en passe de devenir des colonisés.
Deuxième session La démocratie de l’environnement en Europe
Après l’introduction de M. Pierluigi Malavasi (Université de Milan) les intervenants ont souligné l’importance de la Convention d’Aarhus (2002) qui consacre les droits des citoyens envers leurs institutions dans les débats environnementaux, en particulier l’accès à l’information, la participation au processus décisionnel et l’accès à la justice. M.Kudryatsev Président du Centre Russe a insisté sur les progrès du processus démocratique lors des débats environnementaux en Russie.
Troisième session Art, Culture et Technologie : l’élargissement de la démocratie
La représentante de l’Association pour le Développement de la Démocratie Locale (ALDA) présente les missions set les actions de cette ONG établie à l’initiative du Conseil de l’Europe. L’ALDA se consacre à la promotion de la bonne gouvernance et à la participation des citoyens à l’échelon local en Europe.
Sont aussi intervenus le Centre néerlandais (Mme Antje von Gravenitz) et M.Luigi Bergamasco (Université de Pise) qui a traité de la place des robots dans la société de demain, source d’une collaboration homme/machine et de l’émergence d’une nouvelle dimension esthétique résultant du dialogue entre l’artiste et la robotique.
- Matéo Campagnolo s’est interrogé sur le cas de la Suisse. Ce pays s’est il placé définitivement en dehors de l’Europe ? En tout cas la démocratie suisse continue de fonctionner assez bien et l’UE pourrait s’inspirer utilement du principe de subsidiarité, souvent en vigueur dans la Confédération helvétique. Par ailleurs M.Campagnolo souligne la rupture de plus en plus évidente entre la société civile et les institutions démocratiques officielles, la prédominance du rôle des actionnaires dans le fonctionnement de l’économie et les conséquences sociales dues à la financiarisation d’une société dont le visage est de moins en moins humain.
Sont encore intervenus Claude Brulant à propos de l’esprit de la démocratie, en ce qu’elle est actuellement souvent défigurée, mais susceptible d’être revivifiée par les pratiques alternatives de démocratie participative indissociables d’une affirmation renouvelée du rôle de la politique de la culture et M. Charilaos Charakas (Athènes) sur la situation de la Grèce.
D’une manière générale les nouvelles technologies peuvent favoriser la pratique de la démocratie mais elles ne sont pas en soi garantes des valeurs et des liens démocratiques.
Pistoïa Sala Maggiore Palazo di Giano
Assemblée générale ordinaire
Florence – Résumé de l’AG ordinaire
Vendredi 24 novembre 2017
Réunie en Assemblée générale ordinaire le 24 novembre au siège des Archives Historiques de l’Institut européen de l’UE la S.E.C. a exprimé par la voix de son Président la reconnaissance de la Société envers l’Institut européen pour avoir accueilli ses archives historiques venant de Venise depuis 2016.
Le secrétaire Général de l’institut européen, M. l’Ambassadeur Vincenzo Grassi a confirmé dans ses quelques propos d’introduction que les archives de la SEC seraient accessibles au public dans le courant de 2018.
L’Assemblée Générale a ensuite examiné diverses questions touchant l’organisation de la SEC depuis son déménagement de Venise pendant une période de transition qui devrait se terminer en 2019.
Siège de la SEC :
La Fondation nationale Carlo Collodi a signé l’acte d’achat définitif de la Casa Balduci à Collodi qui devrait après rénovation devenir la Maison de la SEC (Cette Maison devrait abriter le siège, la bibliothèque de la SEC et quelques chambres d’hôtellerie). A cette maison serait attaché un petit théâtre proche de la Maison et destiné à devenir un lieu de réunion.
La revue « Comprendre » :
Le 1er numéro de la troisième série de la revue Comprendre a été distribué aux membres. Ce N° contient un ensemble de textes fondateurs contenus dans la 1ère série de Comprendre en hommage au passé de la société.
Le N° 2 comprendra les textes du Colloque « Denkraum Europa » organisé par le Centre néerlandais à Berlin en mai 2017, et le suivant, les textes du Colloque de Pistoia de novembre 2017 sur l’Esprit de la démocratie.
La revue sera mise en ligne prochainement mais cependant un petit tirage sur papier est prévu. Les Centres sont priés de demander un envoi cumulatif pour leurs membres. Trois numéros seront publiés par an et la dépense d’environ 2000 euros sera assumée par le Centre international. Un Conseil scientifique et un Conseil rédactionnel de la Revue Comprendre sont à constituer.
Site Web :
Le site web de la SEC internationale a été reconstruit pendant l’été 2017. Il reste à l’animer par des textes et des interventions et pour ce faire à trouver une personne qui puisse exécuter les opérations nécessaires de mise en ligne.
Secrétariat général international :
Il n’y a pas actuellement de véritable Secrétariat international car Cosima Campagnolo notre Secrétaire Général ne dispose pas des moyens matériels nécessaires et accomplit bénévolement, depuis Venise où elle réside, le maximum des tâches indispensables. Le Président Margiotta insiste auprès des Centres pour qu’ils trouvent une solution à cette question cruciale pour l’avenir de la SEC : disposer d’un(e) Secrétaire général disposant des moyens indispensables et rémunéré.
Prochaines échéances :
Le Président a invité les Centres nationaux à prendre des initiatives en vue des prochaines échéances .Il a invité le Centre français à organiser à l’automne 2018 une réunion du Conseil exécutif à Strasbourg et le Centre néerlandais à relancer le prix de la SEC de politique de la Culture en 2019. Le Centre international s’efforcera d’obtenir dans un proche avenir le statut d’ONG reconnue auprès du Conseil de l’Europe. Il tentera aussi d’obtenir de nouveau une subvention du Ministère de la Culture italien.
Une Assemblée générale extraordinaire devrait être convoquée ce printemps pour adopter une réforme des statuts.
Élections :
L’Assemblée Générale accepte l’adhésion de nouveaux membres grecs, macédoniens, italiens , polonais suisses et pris acte, en rendant hommage à leur action, de la démission d’Arrigo Levi premier Vice Président jusqu’en 2015 et de Giuseppe Galasso ancien Directeur de Comprendre.
L’Assemblée Générale a également pris note du souhait de Diego Valades (Mexique) de quitter la charge de Vice Président et élu Michael Schaefer Vice Président international. Enfin la composition du Conseil exécutif a été mise à jour et complétée par l’élection du nouveau conseiller polonais Tomasz Koslovski.