Les conséquences de la guerre en Ukraine
Par Gérard Araud, Ex Ambassadeur de la France aux USA (2014-2018)
Paris, le 13 juin 2022
Selon M. Gérard Araud :
La guerre va se poursuivre encore longtemps ; les alliés de l’Ukraine ne pourront en effet indéfiniment aider ce pays ; les USA qui financent la guerre vont entrer dans une période difficile sur le plan intérieur du fait de l’inflation (environ 8 %), de l’insécurité à l’intérieur qui mine le gouvernement ; l’UE pourrait se diviser. En définitive l’Ukraine ne gagnera pas cette guerre faute de moyens suffisants ; de plus les opinions publiques vont se lasser ; quant aux négociations plus la guerre se prolonge, plus elles deviendront, difficiles. Cependant la France, l’Allemagne et les USA pourraient s’impliquer davantage dans ce processus.
Cette guerre aura restauré l’existence de l’OTAN qui était « en état de mort cérébrale ». La protection de l’OTAN est infiniment plus recherchée que toute autre. En effet la capacité de l’UE est limitée. La France est le seul pays à souhaiter une défense européenne. La « boussole stratégique » de l’UE n’est pas très crédible ; il en est de même de la proposition faite par Macron de « communauté politique » antichambre de l’adhésion.
Sur le plan mondial à la faveur des menaces de Poutine, le débat sur la dissuasion nucléaire refait surface sans que cette dissuasion change de contenu. La situation de Taiwan ne sera pas touchée par la guerre en Ukraine. La Chine fait face à un processus de vieillissement de sa population et les deux sujets, Taiwan et la guerre en Ukraine, sont trop éloignés.
La mondialisation est remise en question par les populations (gilets jaunes en France et Brexit en GB). La diplomatie britannique, du fait du Brexit, est condamnée à s’aligner sur celle des USA et Boris Johnson à flatter ses électeurs populistes (diviser l’Europe ; casser les règles). Cependant une réflexion sur une nouvelle architecture de l’Europe va s’imposer.