Résolution finale
votée à l’unanimité par la
3ème Assemblée générale ordinaire
Paris
du 25 au 29 septembre 1953
La troisième Assemblée générale de la Société Européenne de Culture, réunie à Paris du 25 au 29 septembre 1953, ayant reconnu qu’il existe un rapport d’interdépendance entre les obstacles auxquels l’Europe se heurte dans son effort pour s’assurer la paix à l’intérieur et l’état critique de ses relations avec les peuples de civilisation non européenne, réaffirmant à ce propos sa conception du rôle social de la culture, est parvenue aux conclusions suivantes :
1) il est nécessaire que l’Europe acquière une plus juste idée des raisons et des conséquences de son expansion, et qu’elle assume la responsabilité qui lui incombe pour avoir été à l’origine des grands mouvements sociaux qui ébranlent le monde ;
2) il est nécessaire que l’Europe comprenne que sa politique à l’égard des peuples de civilisation non européenne, non seulement n’est pas à même de résoudre les graves problèmes auxquels elle doit faire face, mais’ encore se trouve en contradiction avec les principes de sa culture ;
3) il est nécessaire que l’Europe, dans ses rapports avec tous les peuples, notamment avec les peuples non autonomes qui aspirent à créer leurs propres institutions, respecte les principes qui ont animé ses grandes révolutions ;
4) il est nécessaire que l’Europe fasse fond sur les hommes de culture, parce que la seule culture est à même de susciter et de développer les forces morales, capables de créer des institutions conformes aux exigences des peuples, aussi bien européens que non européens.
Pour ces raisons, la Société Européenne de Culture adresse un appel pressant aux hommes de culture afin qu’ils dénoncent et combattent toutes formes d’oppression et d’asservissement (politiques, économiques, financières, militaires ou culturelles) dans les relations entre les peuples. Elle se propose d’intensifier ses échanges avec les hommes de culture des autres civilisations pour une meilleure connaissance réciproque, connaissance sur laquelle se fonderont la collaboration et l’amitié qui sont la substance d’une société vraiment humaine dont la culture aspire à être universelle.