Document final de la
21 ème Assemblée générale ordinaire
Venise
du 8 au 10 octobre 1993
Scissions, clivages, nouvelles agrégations et politique de la culture est le thème auquel la Société Européenne de Culture a consacré le débat de sa XXIe Assemblée générale ordinaire, qui s’est tenue à Venise, du 8 au 10 octobre 1993, en collaboration avec l’Université.
Il s’agissait une nouvelle fois de tenter de faire le point sur les grands objectifs de la politique de la culture, en partant de la situation du moment, à comprendre dans ses tendances les plus marquées.
La participation intense des membres réunis, ainsi que les travaux des rapporteurs, dans leur convergence, ont confirmé ce qui était dans les prémisses, sous forme d’interrogation, à savoir que les processus dominants actuellement en cours sont caractérisés par la désagrégation, la fragmentation, alors que leur contraire, la tension vers l’agrégation et l’union, se trouve dans les projets et dans une conscience fortement affirmée des enjeux de l’avenir. Et c’est bien là, à l’intérieur de ce champ de tension, que se situent la tâche de la politique de la culture et le devoir moral de l’homme de culture.
Pareille conviction s’est exprimée à travers les analyses et dans les réflexions du philosophe, du politologue et du sociologue, disant le système global et posant le défi de la globalité, du scientifique évoquant l’environnement sans frontières, de l’économiste parlant d’une politique de civilisation et du théologien en appelant à la conscience de l’universel.
Pour sa part, l’historien a mis en garde contre le risque de procès sommaires faits à des valeurs fondamentales qui seraient identifiées à leurs formes dégradées, telle l’idée de nation, avilie à cause du nationalisme, ou celle du social, à cause de la faillite de ce qu’on a appelé le «socialisme réel».
En raison de la gravité des urgences respectives, mais aussi par l’intermédiaire des membres participant à la rencontre, la situation dramatique des pays de l’ ex- Yougoslavie, la menace de dislocation de la Géorgie, la fragilité du calme rétabli à Moscou ont été constamment présents aux esprits, soit pour les insuffisances dans l’aide de la communauté internationale, soit aussi pour l’extrême complexité des facteurs entrant enjeu. Dans cette situation, la Société Européenne de Culture peut et doit proclamer encore et malgré tout le dialogue – ce dialogue qu’elle a réussi à maintenir vivant dans des temps de crise plus profonde, quand le monde était divisé en deux blocs prêts à s’anéantir l’un l’autre. Elle a refusé alors de dire aut aut pour dire et et ; elle le répète aujourd’hui, là où les circonstances l’exigent.
En clôture, la S.E.C. a rendu hommage au lauréat de son Prix de politique de la culture, l’historien devenu un protagoniste de l’histoire : Bronislaw Geremek.
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